Le  1er février 2014, une trentaine d’élève du Collège Martin Luther King s’est rendue à l’Institut Français Georges Méliès de Ouagadougou pour assister à une représentation du «  Malade Imaginaire » de Molière, originalement écrite en 1673. Dans la salle en plein air de l’Institut, on se bousculait pour avoir des places, chose plutôt inhabituelle. Après quatre siècles, Molière remplit encore les salles, même en Afrique ! La pièce nous fut interprétée par une troupe de théâtre burkinabé : la compagnie Marbayassa.

Un roi, convaincu qu’il est malade, décide de marier sa fille Angélique à Thomas Diafoirus, médecin de profession. Ce choix ne plait guère à Angélique, mais son père reste ferme sur sa décision car il a soit disant, besoin d’un médecin comme gendre, en espérant que celui-ci puisse s’occuper efficacement de sa maladie. Mais comment pourrait-on guérir un « malade imaginaire » ?

C’est alors que Toinette, femme de chambre du roi, à l’idée de se faire passer pour un « Grand Médecin de Rois » et réussit à exorciser sa « maladie des médecins » en contredisant tous les diagnostiques de son médecin/charlatan Mr Purgon. Désormais guérit de son obsession pour les médecins, mais pas de sa prétendue maladie,  il cherche une solution et se fait conseiller par son frère qui le convainc de devenir lui-même médecin. On n’est jamais mieux servi que par soi même ! Alors guérit de sa maladie et n’ayant plus besoin de médecin, il laisse libre choix d’époux à sa fille qui décide de se lier au jeune Cléante, et répudie sa femme qui souhaitait son décès pour pouvoir profiter de son argent.

A la fois passionnante, drôle, spectaculaire, la pièce m’a beaucoup plu et a provoqué en moi toute une série d’émotions. La mise en scène, qui était un remaniement de la pièce originale de Molière à la sauce burkinabè, pour rendre le texte plus accessible au public de Ouagadougou, est une complète réussite : le texte a été raccourci pour en faire une synthèse très efficace en seulement deux actes (la pièce n’a pas duré plus d’une heure et demie). Différents éléments du patrimoine burkinabè ont été introduits au sein de la pièce, comme, par exemple, le personnage de Mr Purgon (le  médecin) qui apparait comme un charlatan.

Ce double jeu de sens sur le mot charlatan est superbe. Dans la tradition burkinabè,  le charlatan est une sorte de sorcier qui communique avec les esprits. Pour nous, les Européens (très nombreux dans la salle ce soir là), le « charlatan » au sens propre du terme, est un imposteur.  Ce jeu de sens était évident et a rajouté un effet comique intelligent à la pièce qui appuyait parfaitement le propos de l’auteur sans modifier le texte. C’était très bien pensé.

Le metteur en scène a introduit dans la pièce un élément essentiel de la culture africaine : la danse. Sur scène ça bouge, ça danse, ça chante ! Un musicien était sur scène et jouait un rôle à part entière dans le spectacle.  Cela change de La Comédie Française. Ainsi, pas d’erreur du coté de la mise en scène .C’était très réussi et bien planifié pour toucher le public et rendre le tout plus familier. Grâce à cela j’ai  vécu intensément la pièce et si je n’y avais pas assisté, j’aurais eu des regrets.

Par Mlle Grâce Ouedraogo et Mr Leopold Haushofer