Le mercredi 20 février 2013, le lycée français St-Exupéry nous a fait l’honneur de nous visiter pour partager la nuit du comte. Depuis plusieurs mois déjà, nos élèves du MLK ainsi que les élèves d’une classe de seconde et d’une classe de 6° de lycée français ont travaillé en groupes pour élaborer des comtes et se préparer à les jouer en public. Arrivés vers 17h30, les élèves de l’école française se sont installés dans leur dortoir, se sont douchés avant de partager un repas avec nos enfants du MLK. Puis dans une ambiance festive et bon enfant, élèves et professeurs se sont dirigés près d’un grand feu autour duquel une scène avait été aménagée.

Nos filles du MLK ont commencé par un ballet de danses traditionnelles dans une ambiance électrique. Puis, à tour de rôle, les élèves de St-Exupéry et du MLK se sont relayés pour nous tenir en haleine avec leurs contes. Enfin la soirée s’est terminée aux alentours de 23h30 après la prestation d’Abdulaye Ouedraogo, le Directeur du Village Opéra de Loango et une série de danses et de chorégraphies improvisées. Il fut bien difficile de trouver le sommeil après une soirée si bien remplie! Nos invités d’un soir nous ont quittés le lendemain matin après le petit déjeuner ravi de ces temps d’échanges et de partages! Une belle expérience à renouveller …

 

Contes des élèves

OUEDRAOGO Sommaïla, classe de 4°

« La grande sécheresse »

Il était une fois des oiseaux, plus précisément des vautours, qui cherchaient à connaître le déroulement du siècle présent. Ainsi, ils partirent consulter un devin.
Ce dernier leur dit : « une grande sécheresse se prépare et frappera toute la contrée. Si vous voulez en réchapper, préparez une corbeille pleine de galettes. Déposez-la au carrefour près du marigot sacré. Ceux qui désobéiront périront. »
Les vautours le remercièrent puis partirent annoncer la nouvelle à leur chef. Ce dernier, inquiet, décida d’avertir tous les animaux de la brousse, à commencer par les poissons.
Un messager s’envola pour rejoindre la rivière. Comme il ne savait pas nager, il se posa au bord de l’eau et attendit patiemment qu’un poisson remonte à la surface.
« Bonjour ! Je suis là en tant que messager du peuple des vautours. J’ai une nouvelle très grave à annoncer aux poissons. Une grande sécheresse va survenir bientôt dans le pays. »
Affolé le poisson cherchait ses mots en faisant des ronds dans l’eau.
« Mais comment allons-nous en réchapper ? »
« Il existe bien un moyen » : répondit le vautour en lui expliquant la solution préconisée par le devin.
Le poisson reconnaissant le remercia et plongea pour avertir son roi. L’accueil qu’il lui réserva fut glacial.
– « Qui t’as envoyé en surface discuter avec ce misérable vautour ? Ne sais-tu pas que ces charognards se repaissent des carcasses de nos frères ? L’étendue de la rivière et la compagnie de tes semblables ne te suffisent plus pour te distraire ? »
– « Mais mon roi … » bredouilla le poisson.
– « Il n’y a pas de mais. Que voulait ce vautour au juste ? »
-« Nous annoncer l’arrivée d’une terrible sécheresse et nous expliquer comment s’en protéger.»
Le roi éclata de rire et s’exclama : « Une sécheresse ! Mais regarde autour de toi ! De mémoire de poissons, personnes n’a jamais vu cette rivière tarir ! Laisse ces vautours à leurs inquiétudes et que je ne te reprenne plus à pactiser avec l’ennemi ».
Pendant ce temps, les messagers du chef des vautours alertèrent tous les animaux de la brousse. Tous, sans exception, prirent au sérieux l’avertissement des vautours et exécutèrent les conseils du devin. Bien leur en fit ! La sécheresse annoncée arriva. Une sécheresse jamais vu de mémoire d’animal ! Les cours d’eau commencèrent à se tarir. On voyait maintenant les hérons marcher au milieu des eaux et se gaver de poissons. Les hommes n’avaient plus besoin de pirogues pour la pêche, et leurs filets explosaient sous le poids de leurs prises. Ainsi, à cause de leur désobéissance, les poissons furent la proie facile de leurs prédateurs. Même de nos jours, ils constituent un met recherché pour de nombreuses espèces. Les vautours, pour leur part, reçurent les remerciements de tout le règne animal et jusqu’à ce jour, aucun prédateur ne se risque à les manger !

 

OUEDRAOGO Grâce Jedidja, classe de 5°

« Une belle coïncidence »

Il était une fois, dans un village situé au cœur de l’Afrique, une très belle jeune fille nommée Ourih.
Elle était d’une beauté incroyable. Elle avait un teint clair et éclatant, un sourire resplendissant et une longue et belle chevelure. A sa vue, les cultivateurs arrêtaient leurs travaux et poussaient un petit sifflement. Les oiseaux sifflotaient sur son passage:
« Oh ! La voici celle à qui le bon Dieu a fait grâce ! Oh la voici la belle Ourih. »
Chaque jour, des dizaines de jeunes prétendants remplissaient la cour du père d’Ourih pour demander sa main.
Chaque matin à l’aube, Ourih se réveillait, balayait la cour, prenait sa douche et allait chercher avec sa sœur Louila de l’eau au marigot. Un jour, elle se rendit seule chercher l’eau car Louila devrait aider sa mère au champ. Quand elle plongea sa cruche dans le marigot, le visage d’un très beau garçon apparut à la surface de l’eau…. Ourih, stupéfaite, laissa tomber sa cruche dans l’eau. Mais le jeune homme lui dit : « N’aie pas peur ; je suis Goroko (qui signifie jeune homme en langue peulh), le jeune garçon prisonnier du marigot ».
Ourih répondit : « Que t’ait-il arrivé ?».
Il lui raconta sa triste histoire.
-« Il y a à peu près cinq ans j’étais le plus beau garçon de mon village. Chaque matin, j’allais cueillir des feuilles de baobab pour ma mère qui les revendait au marché. Un jour, par jalousie, mes camarades me poussèrent brusquement dans l’eau. L’esprit du marigot m’a retenu prisonnier jusqu’à ce jour. »
– « Comment puis-je te venir en aide ?» : s’exclama Ourih.

« Seul deux cauris blancs en forme de perles peuvent briser le sortilège !».
Quand il décrivit les cauris, Ourih se rendit compte que seul son père en possédait au village. Elle lui promit de faire tout son possible pour les lui apporter.
De retour au village, sa mère lui demanda où était passée la cruche. Elle répondit : « en cours de route, j’ai trébuché et elle s’est cassée ». Puis, quand sa mère s’éloigna, elle entra secrètement dans la case de son père sous prétexte de la nettoyer et elle déroba les fameux cauris qui faisaient la fierté de sa famille.
L’après-midi, alors que tout le monde siestait, elle courut au marigot y jeter les cauris en forme de perles. Goroko fut immédiatement libéré.
Tout le monde au village se réjouit de revoir Goroko après tant d’années. Le père d’Ourih, au lieu de se fâcher fut ému par le geste plein de compassion de sa fille. Il leur proposa aussitôt de se marier. Ils acceptèrent avec joie et eurent deux enfants. Le premier se nommait « Kâka » qui veut dire marigot en langue mossi et le second « kîndi » ce qui signifie cauris. Depuis ce jour on trouve les perles dans l’eau et on utilise des cauris comme monnaie d’échange.

 

GAGRE Roland, classe de 5°

« Pourquoi le singe vit –il dans la forêt ? »

Il était une fois, le singe et le caméléon qui étaient de bons amis. Un jour, les deux animaux décidèrent de partir à l’aventure.
Dès le premier village, le singe entra dans une cour et but du dolo appartenant à une vieille femme. Cette dernière qui s’aperçut d’une présence étrangère cria au secours. Quand les hommes accoururent, ils demandèrent à savoir lequel des animaux avaient bu le dolo. Le singe déclara que c’était le caméléon. « Voyez-vous-mêmes comment il marche » dit-il. Le caméléon reçut une belle correction.
Les deux animaux continuèrent leur voyage. Au second village, le caméléon, pour se venger, mit le feu à une case et tout le village fut alerté. Quand les villageois commencèrent à arriver le caméléon s’écria : « Venez ! Venez ! Le singe a mit le feu au village. Voyez comment sont ses doigts et ses paumes aussi noirs que le charbon ! ». Les villageois bastonnèrent le singe tant et si bien qu’il s’enfuit et gagna la forêt. Depuis lors le singe demeure dans la forêt.